Mamans et les pleurs du bébé

Je ne supporte pas les pleurs de mon enfant

Stress, anxiété, incompréhension, quand on est jeune maman, on ne sait pas toujours faire face aux pleurs de bébé et quand ils sont incessants cela peut vite déranger, faire culpabiliser ou encore faire souffrir. Pour éviter de transmettre ses angoisses et rejeter ses émotions sur l’enfant, voici quelques conseils pour être une «maman suffisamment bonne» et non parfaite. Par Darine Habchi

Dans la vie d’un jeune enfant les pleurs sont choses courantes. Certaines femmes ne savent pas les interpréter et angoissent. Si pour la plupart des spécialistes les pleurs de bébé expriment différentes émotions et sensations, faim, froid, inconfort, pour certaines personnes ils sont synonymes de souffrance. Comment reconnaître les pleurs de bébé ? C’est une opération assez compliquée parce que lorsque le petit naît, aucune maman n’a le mode d’emploi. «Nous avons cependant, pu observer que les mamans développent une sensibilité particulière sur la fin de la grossesse, au moment de l’accouchement et quelques mois après. Elles manifestent leur envie de comprendre l’enfant. Il semble important que les femmes aient ce désir de connaître leur bébé pour pouvoir anticiper ses besoins, commencer à se repérer dans leur nouvelle vie et surtout, ne pas vivre une situation étrange et persécutante», précise Nathalie Arnould, psychologue, psychothérapeute. Dès le départ, qu’il s’agisse de la maman ou de l’enfant, chacun doit apprendre à trouver ses repères. Ce qui compte est que la maman et même si elle se trompe parfois, ai envie de comprendre son enfant. «Le plus embêtant c’est lorsque la maman ne ressent rien et qu’elle vit les pleurs comme une chose insupportable qu’il faut arrêter à tout prix. Dès lors la relation démarre mal», ajoute la psychologue, psychothérapeute. Les bébés sont très sensibles aux ressentis de leur maman. Si elle est angoissée, ils peuvent eux aussi le devenir. Il est donc, important de tenter de maîtriser ses émotions afin de lui permettre de se calmer dans les meilleures conditions.

Maman trop empathique

L’empathie, cette qualité peut se transformer en un facteur déclencheur de culpabilité chez la jeune maman. Nora a 36 ans, elle a une petite fille de 18 mois qui pleure beaucoup et notamment en la voyant partir le matin au travail. Elle s’en va presque chaque matin avec un profond goût de culpabilité. «Je n’ai jamais supporté de voir quelqu’un pleurer ou dans la détresse et encore moins les enfants mais là, il s’agit de ma fille alors, c’est pire. J’ai l’impression qu’elle vit mal le fait que doive me séparer d’elle une partie de la journée. Il y’a des moments je craque et pleure aussi à mon tour en lui demandant ce qu’elle a et en la serrant fort dans mes bras. Je suis ridicule en me mettant dans cet état, car elle ne sait pas encore me répondre et mon anxiété peut aussi raviver ses émotions», confie la jeune femme. Lorsqu’un parent est responsable des pleurs de son petit, malgré lui, la culpabilité s’intensifie chez lui. Une sorte d’ambivalence s’installe entre le fait de devoir partir et celui d’être responsable de la souffrance de la séparation éprouvée, par exemple. «L’idéal serait d’accepter cette situation et surtout d’expliquer à son petit que nous-même, ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons»., ajoute Nathalie Arnould.

Maman seule et épuisée

L’enfant peut réveiller une souffrance chez l’adulte qui n’est pas assez solide pour accepter de ne pas être parfait. L’enfant leur renvoie qu’il n’est pas à la hauteur et de là peuvent apparaître des comportements de maltraitance. «Certaines femmes sont submergées par leur mal-être dont elles n’ont pas toujours conscience. Elles avaient réussi à créer un équilibre dans leur vie et l’arrivée de bébé à bousculer leurs habitudes. Elles ne sont donc, plus dans une forme de disponibilité idéale», explique la psychologue, psychothérapeute. Lila, 34 ans, fait partie de ses femmes seules et débordées quittées par le père de leur enfant. «Mon fils a trois ans et depuis que son papa est parti les choses sont encore plus compliquées pour lui mais aussi pour moi. Je ne travaille plus depuis qu’il est né et je n’arrive pas à retrouver un emploi. Je suis frustrée, angoissée, j’ai les nerfs à vif par rapport à tous ces événements survenus dans ma vie. J’avoue que par moments, je m’énerve sur mon enfant lorsqu’il me fait des caprices ou encore qu’il fait des bêtises. Je suis seule et j’aimerai que mon fils reçoive une bonne éducation, alors j e me montre dure parfois et le punit lorsqu’il ne m’écoute pas. Lorsqu’il était plus petit il pleurait énormément et ne voulait pas s’endormir. Je ne supportais pas cela. Un jour, ma mère m’a vu faire et me l’a immédiatement retirer des bras, elle voyait que je ne maîtrisais pas mes émotions. Elle m’a expliqué que lorsqu’une maman porte son enfant, elle doit être sereine, ce qui n’était pas mon cas. Bizarrement il s’est tout de suite tu, s’est endormi. Je pense qu’il a ressenti le calme de maman et cela l’a apaisé». La naissance d’un enfant est souvent une période de transformation pour toutes les femmes. Il est important de se faire aider quand on a trop de réactions incontrôlées. «L’inconscient est tellement mobilisé, qu’il agit à travers nous et les réponses sont incohérentes et non proportionnées à la situation», ajoute Nathalie Arnould.

Maman renvoyées à son propre vécu

La grossesse, notre propre naissance, l’arrivée d’un enfant nous renvoie, parfois, à nous- mêmes. L’âge de l’adolescence par exemple, peut également rappeler aux parents de manière inconsciente ce qu’ils ont vécu pendant cette période. Tout ce que nous avons en souvenir peut donc, être réactivé par l’enfant. «Lorsque j’entends mon enfant pleurer, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une partie de moi qui pleure. C’est un peu comme si je regardais en arrière et revivais certains mauvais souvenirs. Je me revois entrain de pleurer, le jour où j’ai quitté ma grand- mère, qui m’avait éduqué durant deux ans, jusqu’à l’âge de trois ans, pour retrouver ma mère. Je crois que je ne m’en suis jamais vraiment remise, d’autant que je n’ai jamais retrouvé cette douceur dont elle faisait preuve avec moi. Avec mon bébé de huit mois, j’essaye au maximum de maîtriser mes émotions même si c’est difficile, par moments», confie Nouria, 28 ans. Si bon nombre de femmes n’ont pas réussi à régler les causes de leur souffrance, ce phénomène est loin de ne toucher qu’elles, puisque les hommes sont aussi concernés. Ils peuvent voir à travers leur enfant le petit garçon qu’ils étaient.

Comment faire face aux pleurs de bébé ?

«Lorsque les pleurs sont récurrents et prolongés, il faut que la maman tente de rassurer son petit, plutôt que de lui faire des reproches. Instaurer des rituels avant le coucher par exemple, en chantant, en dansant, en lui mettant de la musique permet de diminuer ses angoisses liées à la nuit. C’est parfois très dur pour les mamans de se sentir incapable de s’occuper de l’enfant, lorsqu’elles n’arrivent pas à calmer ses pleurs. Cela est d’autant plus vrai lorsque quelqu’un d’extérieur réussit à l’apaiser. Il est essentiel de pouvoir rassurer la maman sur le fait qu’elle fait de son mieux. Il n’y a pas de mère parfaite, il y’a des mamans «suffisamment bonnes». Si nous étions parfaites l’enfant n’aurait pas l’occasion de vivre des frustrations, comme celle de la séparation. Il ne faut surtout pas laissé un enfant pleurer trop longtemps, sans intervenir au risque de ne plus le voir s’exprimer et cela peut le plonger par la suite, dans un état de dépression. Les mamans peuvent parler à leur bébé, très tôt même s’il ne comprend pas. Il est nécessaire de déculpabiliser. Il est normal qu’un enfant pleur et qu’on ne puisse pas toujours trouver les raisons, mais il faut essayer. Il est aussi important que la maman soit également aidée par le papa, la famille, des amies, des voisines, cela soulage de pouvoir se reposer de temps en temps.

Contact :
Nathalie Arnould, psychologue, psychothérapeute, 01 46 29 07 93
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